Après avoir longtemps travaillé ensemble, deux hommes décident de ne
pas rester inactifs à l’heure de la retraite. Ils vont mettre leur
énergie à monter un commerce dans un village , avant de nourrir
l’ambition d’en devenir maire… Cette trame sert de toile de fond pour
mettre en scène ce que l’auteur appelle « la vocation au foirage »,
c’est à dire la tendance à toujours pervertir ou dénaturer ce que les
Humains entreprennent, ce qui, selon l’auteur, paraît être l’une des
grandes constantes de l’essence humaine.
Extraits :
« Ce que vous allez lire à partir de maintenant, que cela reste bien entre nous. Nul besoin que d’autres pareillement inconnus s’édifient de ce long cheminement vers l’inconsistance, de ces méandres d’insatisfaction ou de ces sentiers de médiocrité, comme on voudra. La vocation au foirage, dont il est ici question, devrait être inscrite au patrimoine immatériel de l’Humanité comme les repas à la française. Moi je ne mange plus que des sandwiches, en pagaille, vite fait, sur le pouce comme on dit. »
« Elle avait passé l’arme à gauche au troisième jour de ma retraite. S’il faut tout dire, le jour de son trépas, j’avais participé à ces interminables conversations de rue qui obligent à prendre des nouvelles de qui nous en demande de nous-mêmes, puis à échanger sur toute considération qui force à exhumer des souvenirs – tout se répétant sans cesse. Et j’étais rentré tranquillement chez moi – après tout j’étais retraité – où j’avais constaté le décès par prise de pouls, palpage thoracique, distribution de baffes et morsure d’orteils. Selon les médecins qui ne savent pas quoi dire pour nous emmerder, il aurait suffi que je rentre une demi-heure plus tôt pour qu’elle fût sauvée. Ce qui était faux parce que, justement, j’étais rentré une demi-heure plus tôt, l’avais trouvée sur le sol de la cuisine se tenant le cœur, défigurée par la douleur et ses yeux me disant de lui foutre la paix, de passer mon chemin et qu’ainsi les vaches seraient bien gardées et j’avais donc laissé faire... »